L'avons-nous dans le Fillon ?

Publié le 27 Août 2011

OK, le titre est un peu limite mais quand vous aurez lu cet article, j'espère que nous aurons au moins en partie répondu à la question.

 

Le magnifique plan antidéficit de notre Premier Sinistre (doux euphémisme pour parler de rigueur) a été présenté sous toutes ses coutures aux citoyens en appuyant sur le fait que les gentils riches de ce pays (1% des Français détiennent un tiers de la richesse de notre beau pays et une boite comme Total ne paye quasiment pas d'impôts en France, cherchez l'erreur) vont être mis à "contribution exceptionnelle" à hauteur de 200 millions d'euros environ en attendant que nous revenions dans les clous européens d'un déficit à 3% du PIB.

Faisons confiance à nos très très riches concernés - plus de 500'000 euros de revenus annuels, soit environ 30 smic - pour mettre leur armada de conseillers en tous genre en action pour passer au travers de ce nouveau dispositif.

 

Afin de bien comprendre ce billet, quelques rappels : 1,6 smic correspondent aujourd'hui à un revenu annuel brut de 26'208 euros là où le revenu annuel moyen du secteur privé (données INSEE) est de 30'000 euros, toujours en brut. Pas le temps de chercher la valeur médiane mais quand on sait que le seuil de pauvreté (taux à 50% du revenu médian) en 2008 était à 9500 € annuels, on peut facilement déduire que le revenu médian de 19'000 € en 2008 a mécaniquement augmenté et se situe aux environs de 21'000 € aujourd'hui. Ce qui, au passage, confirme que le smic est en-dessous du seuil de pauvreté (toujours si on se base sur un taux à 50% du revenu médian). Les données plus générales sur ce thème de l'Observatoire des inégalités est instructives à tout point de vue.

 

Pour le citoyen lambda donc, qui gagne beaucoup moins que 30 smic, la refiscalisation des heures supplémentaires - autre disposition du plan de rigueur - même si elle est ciblée sur les charges patronales, va avoir un impact indirect puisque nos employeurs vont être beaucoup moins enclin à payer plus là où ils s'étaient habitués à payer moins : au revoir loi TEPA et engagement du candidat sarkozy. Nous reviendrons donc progressivement du "travailler plus pour gagner plus" au "faire plus avec les mêmes moyens".

D'autant plus que le mécanisme de "refiscalisation" est vicieux avec une réintégration dès 2012 des heures supplémentaires dans le calcul des allégements de charges sur les bas salaires (1 à 1,6 smic - au-delà de 1,6 smic, de toute façon, vous êtes au forfait jour donc les heures supps, vous oubliez...). Ce qui non seulement va mettre un coup d'arrêt aux heures supplémentaires mais augmenter à nouveau les charges des PME alors qu'elles sont la première source de travail en France et de son renouvellement. Cela revient à vouloir empêcher un poumon de respirer en altitude simplement pour économiser la consommation d'oxygène : la théorie est belle, elle omet juste que derrière, l'activité physique nécessaire à la survie en altitude ne peut se faire sans cet oxygène.

Objectif de cette disposition : 600 millions.

 

Autres dispositions à relever, la TVA qui augmente sur certains produits de consommation "pathogène" comme les alcools forts et autres sodas glycémiques ainsi que sur le tabac ce qui me laisse au mieux dubitatif sur la politique de santé publique. D'autant que la claque donnée aux complémentaires de santé (doublement du taux de la taxe sur les contrats solidaires et responsables) qui va impacter directement tous les citoyens ou presque va accélérer un peu plus la prise en charge d'une santé à deux vitesses.

 

Enfin, planquée derrière toutes ces mesures admirablement marketées, La Tribune et Arrêt sur Images révèlent que la CSG - impôt non progressif - augmente par un tour de passe passe digne de Garcimor : Le taux officiel reste à 7,5% mais la base de calcul passe de 97% à 98% du salaire brut ce qui devrait permettre une rentrée de 500 à 600 millions d'euros supplémentaires.

 

En ajoutant uniquement l'histoire de la loi TEPA rabotée et la CSG, on est déjà 1,2 milliards pour les classes moyennes et 200 millions pour les gros revenus.


Alors vous allez me dire, bande de capitalistes bling bling plein aux as que oui c'est bien beau tout ça mais d'un côté il y a 35'000 foyers fiscaux qui vont rapporter 200 millions d'euros et de l'autre 35 millions de foyers fiscaux pour plus d'un milliard d'euros et que ramené au foyer fiscal, on n'est pas sur la même échelle de participation à l'effort. Vous aurez raison. Maintenant, si demain je peux gagner 500'000 euros annuel et qu'il me faut sortir 1,2% de mes revenus par an pour aider mon pays à éponger une partie de sa dette (1650 milliards aux dernières nouvelles), je le fais volontiers. Parce que cela ne va pas m'empêcher de nourrir ma famille ni altérer mon train de vie.

Ce qui sera loin d'être le cas pour le citoyen lambda quand il devra se plier à toutes les conséquences du plan de rigueur annoncé.


Mais pour une fois je ne jetterai pas le bébé avec l'eau du bain : je dois reconnaître que l'effort demandé (j'ai bien dit demandé, il faudra voir dans les faits ce que cela donnera) l'est à tous même s'il reste critiquable et ajustable à mon sens et que d'autres sources d'économies - sur le train de vie de nos élus par exemple - doivent être envisagées.

 

Souhaitons que chaque citoyen s'y retrouve.

 

 

Sources :


Libération

Les Echos

Observatoire des inégalités

INSEE

Arrêt sur Images

La Tribune

Rédigé par C.W.

Publié dans #Débat et des chaussettes

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Commenter cet article
M
<br /> <br /> Petite précision : le seuil de 500000 euros évoqué est par part par foyer fiscal concerné ! ce qui réduit mathématiquement le nombre de foyers fiscaux ciblés...<br /> <br /> <br /> <br />
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